Cette idée semble relever de la science-fiction
et pourtant. On cherche depuis longtemps un vaccin qui ferait disparaître la dépendance au café, à l'alcool, au tabac, à la cocaïne.
Une telle potion magique fait rêver.
Au regard des progrès scientifiques, on peut dire pourtant que ce rêve pourrait se concrétiser.
L'origine du vaccin
Le projet d'un vaccin contre la drogue est né dans les années 1970 aux Etats-Unis.
De nombreuses familles, inquiètes par la tourmente hippie pour leurs enfants, ont motivé les chercheurs à trouver un vaccin.
Les essais ont concerné l'héroïne et leurs résultats ont été peu convaincants.
De plus, l'arrivée de la méthadone, produit très efficace pour soigner les héroïnomanes, a laissé le projet de vaccin contre l'héroïne dans l'oubli.
Après l'échec du vaccin contre l'héroïne, les chercheurs se sont tournés vers d'autres drogues : la cocaïne, les amphétamines et la nicotine.
Les résultats s'avèrent plus concluants.
Le vaccin contre la cocaïne
La principale difficulté dans la recherche d'un vaccin contre la cocaïne est la taille des molécules de cocaïne.
Ces dernières sont en effet trop petites pour être reconnues comme des menaces par l'organisme.
Il faut trouver le moyen de fixer les molécules de cocaïne sur une protéine, afin que l'organisme tire la sonnette d'alarme et mette en place une défense contre cette alliance protéine/cocaïne.
Le but est que le corps détruise les molécules de cocaïne avant qu'elles n'atteignent le cerveau et en particulier les récepteurs neuronaux.
De nombreuses équipes de chercheurs sont sur ce projet mais la compagnie anglaise Xenova semble la plus avancée.
Xenova poursuit à l'heure actuelle ses essais de vaccination de son produit, le « TA-CD ». Des essais précédents ont permis de confirmer l'innocuité du « TA-CD ».
D'autre part, le vaccin a permis la diminution des propriétés euphoriques de la cocaïne chez cinq des six patients engagés dans les études.
Enfin, les chercheurs ont détecté des anticorps dans le sang plusieurs mois après les injections.
Xenova a crée un vaccin contre la dépendance nicotinique qu'elle a appelé TA-NIC. Elle mène à l'heure actuelle des essais sur des patients.
Un vaccin anti-cigarette
Le vaccin anti-cigarette- qu'il s'agisse de celui de la firme Xenova ou de celui d'autres compagnies- possède le même principe que le vaccin anti-cocaïne.
Il s'agit de neutraliser la nicotine dans le sang avant qu'elle n'arrive au système cérébral et neurologique.
Le vaccin repose sur une association entre la nicotine et une portion inactive de virus. Cette association, inoffensive, est perçue par le système comme une intrusion dangereuse.
Ainsi, l'organisme produit des anticorps antinicotiniques qui bloqueront par la suite la nicotine.
Le vaccin a été testé en Angleterre, aux Etats-Unis et en Suisse chez des rats.
Les résultats sont positifs : les sensations de manques sont moindres, la pression sanguine moins élevée et les taux de nicotine libre ont baissé de 40 à 60%.
Un bémol est à noter cependant.
Ce vaccin permet à la nicotine de ne pas arriver au cerveau.
Mais cela ne garantit pas une atténuation de la sensation de manque.
Les spécialistes conseillent donc d'utiliser le vaccin en plus des substituts nicotiniques. Ce couplage thérapeutique a déjà eu des effets positifs sur les rats.
Ce vaccin pose de plus des problèmes d'ordre déontologique.
Est-ce que par exemple des parents pourraient prendre la décision de vacciner leurs enfants sans leur accord
On pourrait même se demander si l'on pourrait organiser des campagnes de vaccination obligatoires à grande échelle, comme dans le cas de la tuberculose.
Le vaccin, qui a été reconnu sans danger pour la santé (il est responsable toutefois de légers symptômes grippaux dans la majorité des cas), a été testé sur 300 fumeurs par un laboratoire suisse, Cytos Biotechnology.
Les sujets étaient tous de gros fumeurs qui n'avaient pas reçu de substitut nicotinique depuis plus de six mois.
Un premier groupe de personnes a reçu cinq injections par mois pendant quatre mois. L'autre groupe a reçu un placebo pour la même durée de temps.
Les résultats de cette expérience ont été médiocres : l'abstinence est semblable dans les deux groupes d'individus.
De plus, les fumeurs ayant reçu le vrai vaccin, et non le placebo, n' ont pas fabriqué des anticorps nicotiniques dans les mêmes proportions.
Parmi les fumeurs ayant produit le plus d'anticorps, plus de la moitié n'ont pas touché à la cigarette six mois après la dernière injection du vaccin.
Chez les fumeurs ayant produit peu d'anticorps, seulement un tiers a réussi à ne pas toucher à la cigarette six mois après la dernière injection.
Les résultats sont assez inégaux mais il y a un élément très positif : les fumeurs qui n'ont pas réussi à renoncer au tabac arrivent à garder une consommation faible.
Il faudra attendre cependant que les laboratoires optimisent leur vaccin car la production d'anticorps est très variable selon les individus.
Ensuite les laboratoires doivent faire des démarches pour mettre le produit sur le marché.
Les fumeurs doivent donc se tenir à d'autres méthodes que le vaccin pour le moment.
|