Au départ, le plant de tabac ou nicotiana tabacum est une solanée comme la pomme de terre ou la tomate ; il peut être cultivé dans de vastes étendues aussi bien de l'hémisphère Nord que de l'hémisphère Sud de la planète.
C'est donc au départ une plante parfaitement inoffensive et atoxique. Elle n'est d'ailleurs pas indemne de maladies comme le mildiou ou la mosaïque du tabac qui est un virus et, par ailleurs, elle est très sensible à la pollution ambiante.
L'apparition de taches ou de flétrissures sur les feuilles est un indice précoce de pollution atmosphérique.
Selon la couleur du plant, on peut distinguer les tabacs bruns et les tabacs blonds, à goût américain ou à goût oriental.
Une fois récolté, le plant sera séché à trois reprises, haché, mixé de manière à avoir plusieurs mélanges de tabac, et l'ajout d'arôme lui donnera son goût définitif.
La fabrication du produit fini, c'est-à-dire la cigarette, se fera par adjonction du papier et du filtre.
Conditionnement, distribution, promotion donnent une image valorisante, à laquelle est sensible la jeunesse, d'un produit très variable en fonction du type de tabac, de la plus ou moins grande légèreté de la cigarette, de la présentation, etc., répondant aux besoins de tous les consommateurs.
Le rôle de l'État à ce sujet est plus qu'ambigu : longtemps fabricant de cigarettes par la SEITA aujourd'hui privatisée, et ayant encore l'exclusivité de la distribution des autres marques et du prélèvement des taxes, il se conduit comme un véritable dealer légal et allié objectif de l'industrie du tabac.
À noter le parrainage par les marques de cigarettes de compétitions sportives mécaniques bien sûr, l'usage du tabac étant, a priori, incompatible avec les autres catégories de sport !
On peut donc dire que l'industrie du tabac est une puissance anti-écologique à deux titres :
- En tant qu'inducteur de la plus grande auto-pollution humaine.
- En tant que manipulateur (au mauvais sens du terme) de la nature, puisqu'on peut affirmer sans crainte de se tromper qu'un plant de tabac élevé en atmosphère de fumée tabagique mourrait ou du moins serait fortement intoxiqué... ce qui est un comble.
Tout ceci aboutit au tableau du tabagisme moderne, fléau de masse assimilable à une véritable maladie contagieuse épidémique.
Et plus que du nombre de fumeurs, on pourrait à la limite s'étonner qu'il y ait des gens qui ne soient pas contaminés et ne fument pas.
Autrefois, à la fin du XIXe siècle et au début du siècle dernier, le tabagisme était limité : c'était le "pétunage" à l'ancienne, selon une vieille appellation.
Les hommes se réunissaient après le repas, dans le fumoir, pour fumer le cigare en discutant souvent devant un verre de cognac.
Le tabagisme était localisé dans ses acteurs, seuls les hommes adultes fumaient.
Il était localisé dans le temps : quand on fumait, on ne faisait rien d'autre et cela limitait la consommation.
Il était localisé dans l'espace : ceci se passait dans une pièce spéciale, les fumeurs s'enfumaient eux-mêmes les uns les autres.
On peut donc dire qu'à cette époque le tabagisme avait une place limitée et qu'il s'agissait d'un "tabagisme conscient".
À l'heure actuelle, le tabagisme est un phénomène diffus et envahissant, tout le monde fume.
Le phénomène touche aussi les femmes (qui font de plus en plus de cancers du poumon), les enfants qui fument leur première cigarette de plus en plus jeunes, après avoir été enfumés par les cigarettes des adultes.
On fume tout le temps : en travaillant, en conduisant, en mangeant : c'est si pratique, ces cigarettes toutes prêtes !
On fume à n'importe quel endroit et les non-fumeurs sont intoxiqués par la fumée des autres.
Tous les individus ne sont pas fumeurs, mais nous vivons dans une société tabagique.
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